ROSCOE

8th November 2025 • Reflektor

  • ROSCOE

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ROSCOE

C’est l’histoire d’un groupe liégeois dont les deux premiers albums folk-rock ont marqué l’indie belge, puis qui a pris son temps (7 ans) pour enregistrer le troisième et qui, pour accoucher en 2025 du quatrième, s’est inspiré de Radiohead. Vous la connaissez ? Cette histoire, c’est celle de Roscoe. Et c’est tout sauf une blague belge. Propulsé sur le devant de scène dès 2012 avec Cracks puis en 2015 avec Mont Royal, le groupe dont le nom lui a été inspiré par une chanson de Midlake préfère depuis longtemps les grands virages aux petites lignes droites. Le dernier retournement en date ? Ce nouvel album, Make it happen, qui signe l’arrivée des cinq musiciens en terres électroniques. Un virage radical semblable au Kid A de Radiohead ou même au To Pimp a Butterfly de Kendrick Lamar (du rap au jazz). Voilà pour le mode d’emploi de ce doux médicament. Passons maintenant aux effets secondaires. « Roscoe, c’était comme un appartement dans lequel on vit depuis très longtemps, explique Pierre Dumoulin (guitare, chant), on n’avait pas envie de le vendre donc on a changé la déco ». Derrière cette phrase, une déclaration artistique : plutôt que de s’enfermer dans des formules, Roscoe a vécu sa crise d’adolescence comme une révélation. Touché par la grâce médiatique et commerciale avec ses deux premiers albums, Roscoe s’interroge : et s’il y avait une vie après le rock ? Et si finalement, il existait un lien caché entre l’indie rock des années 2010 qu’on a tant aimé et l’électronique minimaliste d’Europe du nord ? À toutes ces questions intérieures, le groupe belge répond aujourd’hui avec Make it happen ; un disque inconsciemment débuté en 2022. Pierre explique : « après la tournée du troisième album, on s’est tous dit qu’on n’avait pas envie de reprendre les mêmes instruments : ça faisait 10 ans qu’on faisait ça ». Exit les instruments acoustiques, bonjour à l’électronique. Petite révolution en 7 titres tantôt dansants, tantôt deep et où tous les musiciens – même le batteur Benoît Bovy – sont placés derrière des machines. Mode Kraftwerk activé. Avant de se lancer sur cette autoroute radioactive, les Liégeois ont commencé par enregistrer à domicile, dans le studio de Pierre. Et même s’ils ont un temps réfléchi à changer le nom du groupe pour cet album à 180°, la bande de potes dont la moitié se connaît depuis l’école secondaire a préféré assumer son évolution sans rien renier de sa propre histoire. « Quand tu as 25 ans, tu as forcément un peu la pression pour que ton groupe cartonne, explique Pierre. L’avantage de l’âge, c’est qu’on écoute plus ses envies sans être obnubilé par le single qui passera à la radio ». L’album, paradoxalement, en contient au moins deux : Make It Happen, à cheval entre Weval et Kiasmos, et Words, qui ravira certainement les fans de Foals. Et que dire du titre Happier, qui aurait parfaitement eu sa place dans le catalogue de Ninja Tune ? La grande différence entre les débuts de Roscoe et ce quatrième album, finalement, ce n’est pas tant le groupe lui-même, mais le monde qui l’entoure. Né à une époque « où les plateformes de streaming n’existaient pas », le projet des garçons suit sa route, et elle est toujours à cinq voies : « on partage tout, on apporte tous quelque chose, c’est un principe de base ». Un esprit collectif qu’on retrouve aujourd’hui sur la pochette de Make it happen avec ces cinq visages lumineux unis dans la pénombre. Si Roscoe existait pour de vrai, certainement ressemblerait-il à la somme de ces cinq faces. Ce serait ce mec sympa longtemps fan de Midlake qui, plutôt que de tomber dans la contemplation de sa vieille discothèque à guitares, préféra tout plaquer pour oublier son propre passé dans un after électronique au festival de Dour. Parfois, il suffit d’appuyer sur un bouton pour enclencher le mouvement. Make it happen, en anglais.